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L'appel de Tanalt: Compte rendu sur le forum de Tanalt du 20 au 22/08/2008 en langue française

PREMIER FORUM DARNGH

TANALT du 20 au 22 Août 2008

Compte Rendu Global

 

 

MODERNISATION ET SYNERGIE

 

Les Aït Souab et tribus voisines ont enfin leur "almoggar" ou forum. Tenu cette année du 20 au 22 août 2008 au chef lieu de la commune de Tanalt (90 km d'Agadir et 70 de Tiznit).   

En fait, le forum a été synchronisé avec le moussem rituel de Talmest, village situé près de Tanalt, s'accordant avec les diverses expressions manifestes de modernisation de la société rurale au Maroc.

Classé parmi les grands moussems religieux du Souss devant celui du grand quotb sidi Ahmed ou Moussa de Tazeroualt, le moussem de Lalla Mammas Ali de talmest a toujours été une occasion de rencontre d'échange et de fête.

A côté des activités habituelles de culte et d'échanges sociaux et commerciaux propres au moussem, l'association Darngh a programmé plusieurs manifestations culturelles, artistiques et sportives aux couleurs de la région. Le tout dans un cadre de rigueur digne de ces prestigieux lieux rendus célèbre notamment par le souvenir du Cheikh sidi l'haj Lahbib, mémorable doyen de l'école traditionnelle de tanalt.

En animateur principal, l'association a essayé de faire l'écho des différentes préoccupations des habitants des communes montagneuses de l'Anti-Atlas et de leurs associations de douars, d'où le thème choisi cette année: "Stop à la marginalisation"; un thème qui n'est d'ailleurs pas loin des objectifs de l'Initiative Nationale de Développement Humain.   

Agée de quelques années, l'Association "Darngh" pour le Développement et la Préservation de l'Environnement a été instituée en réaction aux défis infligés au développement local de l'Anti Atlas oriental. En commission ad hoc formée par les associations de développement qui ont étés étonnées par les politiques menées par certaines puissances publiques, compromettant ainsi les acquis collectifs accumulés par plusieurs générations de bâtisseurs, cette association a vite pris son chemin dans le sens de la sauvegarde et la mise en valeur des ressources de la région.

L'appellation remarquable choisie pour nom de l'Association bien qu'il semble refléter un état d'âme quelque part, elle n'a rien d'ethnocentrique. Voir explications ci-après:

Darngh: un chez-soi extensible

Selon une règle magique de la linguistique amazigh, certains mots peuvent avoir plusieurs significations selon le contexte et la position du locuteur. Un simple jeu de syllabation des mots les plus utilisés dont les noms propres et les noms des lieux géographiques au Maghreb et ailleurs peut valider cette thèse.

Le mot (darngh) ne semble pas déroger à cette règle, il signifie littéralement "chez-nous", mais c'est un chez-soi qui peut aller du moindre village jusqu'à la patrie nationale, passant par la tribu, la région… selon le contexte de la discussion et de la relation d'appartenance géographique qui relie les interlocuteurs.

     

 

UN BILAN SATISFAISANT

 

La première édition du forum Darngh a visiblement connu, un grand succès. Le bilan aussi bien en terme d'actions concrètes bénéfiques, qu'en terme de recommandations générales réalistes, a été excellent.

Une panoplie de propositions et suggestions d'envergure étant établie, les participants se sont vite constitués en commissions de suivi pour leur exécution.   

Sur les nombreuses manifestations culturelles entreprises, voici le résumé des principaux résultats:

 

Histoire et identité

 

Après que le coup d'envoi du forum a été donné le mercredi 20 août 2008 à 9:00, habituellement jour du souk hebdomadaire de tanalt, la salle des conférences de l'école traditionnelle de tanalt a abrité la première action du forum.   

En coïncidence avec l'anniversaire de la révolution du roi et du peuple, une table ronde a été organisée sur l'histoire des tribus des Ait Souab et notamment en ce qui concerne la résistance à l'occupation étrangère dans les montagnes de l'Anti Atlas, sachant que celles-ci étaient parmi les dernières poches de la résistance marocaines à se soumettre au protectorat français.

Déjà à l'occasion du traité du protectorat de 1912, les tribus ont joint le mouvement d'Ahmed al Hiba, sous le patronage des oulémas, dont le feu sidi l'haj Mohamed Lahbib. Plusieurs martyres de la bataille de Sidi Bouothmane à R'hamna (Ramadan 1330) étaient issus de cette région, ils étaient enterrés dans un cimetière à revaloriser sur les lieux même de la bataille. Après les évènements de 1953, les fils de ces montagnes ont eu un rôle important dans le mouvement national.

Le public présent a eu droit en plus des exposés riches en informations historiques et bibliographiques, à des témoignages vivants de ceux qui ont fait l'évènement.

 

A l'issue de la table ronde des recommandations ont été adoptées à savoir:

 

·           Inviter à la création d'une fondation dédiée au patrimoine historique et culturel de la région, qui sera chargée de la revalorisation des institutions traditionnelles et l'émancipation des œuvres matérielles et intellectuelles immortels, sous le nom de "Centre Mohamed Lahbib Albouchouari pour la culture et le patrimoine";

·           Inviter à la création d'un musée pour la conservation des monuments et des manuscrits tout en réalisant la numérisation des documents et des ouvrages rares;

·           Inviter toutes les parties concernées de la société marocaine de préparer la célébration du premier centenaire de la bataille de Sidi Bouothmane au mois de ramadan 1430 (août 2009);

·           Traduire en arabe les ouvrages étrangers réservés à la région tel que celui du Capitaine Jean Podeur, ancien contrôleur militaire du protectorat à Tanalt, intitulé : "textes berbères des Aït souab";

·           Encourager la recherche scientifique et la publication en invitant les établissements universitaires et écoles scientifiques au niveau national et régional à s'occuper de la région;

·           Inviter les organes de presse nationaux et régionaux à s'intéresser aux campagnes de l'Anti Atlas.

      

Développement et engagement

           

     Le sujet du développement des ressources humaines, naturelles et financières de cette partie de l'Anti Atlas a été amplement traité à plusieurs reprises.

       Le jeudi 21 août 2008, une importante conférence a été donnée dans l'après-midi par les responsables de l'association "Darngh" sur les questions liées au développement, à savoir l'évolution de l'électrification de la région, l'état de l'offre de soins et le problème épineux de la sécheresse qui frappe la région du sud de façon général. Bien sûr, les dégâts causés par les sangliers ont été désavoués par tous les habitants en appelant les autorités compétentes à intervenir pour trouver des solutions à ce fléau devenu une urgence majeure pour la population.

Par la suite, la rencontre annuelle avec les associations en activité dans la zone d'intervention de l'association "Darngh" a permis de débattre de la plate forme qui rassemblera les différentes associations de la région et des mécanismes qui permettront de garder les relations de partenariat et de coopération en ciblant les intérêts de la population.

 

Résumé des recommandations afférentes à ce thème):

-Crier à la révision de l'idée illusoire selon laquelle l'Anti atlas est une terre inhabitée;

-Inviter à la modification du dahir de 1916 sur la délimitation des domaines forestiers;

-Déplorer les actes irresponsables en demandant l'arrêt de l'introduction des troupes de sangliers parmi les populations;

 -Réclamer le dialogue et la probité quant à l'intervention du haut commissariat des eaux et forets;

-Appeler à la création d'une agence pour la promotion et le développement des provinces de l'Anti atlas;

-Stimuler le projet de la généralisation de l'électrification rurale;

-Œuvrer à la mise en valeur du patrimoine matériel symbolisé par les terrasses de culture "Irherm" et installations hydrauliques authentiques "Targa";     

-Appeler à la création  des classes de  lycée à Tanalt;

-Assurer une meilleure couverture en matière de l'offre de soins dans les zones montagnardes de la province Chtouka Ait Baha.

      

De même, une cérémonie en l'honneur de certaines illustres personnalités ayant servi l'action associative et le développement de la région a été organisé avant la clôture du forum.

Ceci en reconnaissance aux efforts énormes qu'ils ont fourni dans la mise en place des infrastructures la prise en charge des écoles traditionnelles et la promotion du travail associatif.   

 

Sport et divertissement  

       Le forum a connu l'organisation de plusieurs manifestations sportives (mini-foot junior et senior, cross country), des concours de cultures générales et de lecture du Saint Coran (Tajwid). Les prix et divers cadeaux ont été distribués aux gagnants lors de la grande soirée artistiques.

 

     Enseignement traditionnel

 

Le thème des écoles traditionnelles dans le Souss, vis-à-vis de la loi n° 13-01 sur l'enseignement traditionnel a été abordé, dans l'après-midi du vendredi 22 août 2008, avec les intéressés, en présence des autorités compétentes. Il a été également suivi par un public très nombreux.

S'agissant d'un sujet qui préoccupe aussi bien les gens avisés que la collectivité toute entière, un important débat a eu lieu, et de sérieuses recommandations ont été délibérément convenues, donnant ainsi naissance à l'Appel de Tanalt.

C'est en redoutant que les tentatives de la réforme des écoles traditionnelles soit tournées à un sort imprévisible, que les représentants des associations de la société civile et les édiles locaux en qualité de délégués collatéraux des tribus et des mécènes responsables des écoles traditionnelles de la région, ont décidé de lancer cet appel (voir, ci-joint, le texte intégral de l'appel).

Le but est de relancer le chantier de l'application de la loi pour la réforme de l'enseignement traditionnel, sur la base du dialogue et du partenariat et de façon à préserver les droits et obligations de tous. Et afin d'obtenir le soutien aux efforts menés par la société civile pour le développement de l'enseignement traditionnel.               

      

L'APPEL DE TANALT

 

Dans le cadre des activités du premier forum Darngh de Tanalt, une journée d'étude a été organisée, à l'initiative de l'Association Darngh, le 20 chaâbane 1429 (22 août 2008) sous le thème : " les écoles traditionnelles de Souss à la lumière de la loi n° 13-01 sur l'enseignement traditionnel".

Ont participé à cette rencontre tenue dans l'espace d'accueil de l'école traditionnelle de Tanalt, aux côtés des oulémas administrateurs et professeurs des écoles traditionnelles et de leurs étudiants, les représentants des Associations locales de développement et les édiles des tribus. Y étaient également présents, les représentants de l'autorité locale, des collectivités locales concernées, de la délégation des habous et affaires islamiques, et un public intéressé nombreux.

Après avoir entendu les différents opinions, exprimés par les participants et discutées par l'auditoire, les participants, présidés par les représentants des associations de la société civile et les édiles locaux en qualité de délégués des tributs et des mécènes responsables des écoles traditionnelles de la région ont convenu de lancer l'appel suivant:

·        Convaincus de l'importance l'enseignement traditionnel dans la vie économique et sociale dans le Souss et au Maroc, d'antan, d'aujourd'hui, et de demain. Et considérant le rôle des écoles traditionnelles dans la préservation des valeurs religieuses de la nation concrétisées par la propagation de la foi et de la confession, la lutte contre l'ignorance, l'analphabétisme linguistique et doctrinal, la socialisation des générations sur la fraternité et la solidarité, la formation des oulémas et des cadres éducatifs;

·        Et conformément à la sage détermination Royale pour la réforme de l'enseignement traditionnel, et le soutient de ses hommes, essentiellement exprimée par la publication du dahir n°1-02-09 du 29 janvier 2002 promulguant la loi n°13-01 relative à l'enseignement traditionnel. Ce qui est considéré comme une inauguration d'un important chantier national;

·        Et vu les espérances et attentes des citoyens quant à l'application judicieuse de cette loi;

·        Et suite à la place réservée à l'enseignement traditionnel dans le système national de l'éducation et la formation, au juste titre que les secteurs de l'enseignement public et le secteur de la formation professionnelle;

·        Et après le constat de la manière de la mise en application de la loi précitée et la formulation de quelques remarques sur les résultats effectifs ou éventuels de cette démarche, tel qu'il suit:

ý                Le fait de charger le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques seul, de l'application de cette loi et la gestion de ce grand chantier par des décisions ministérielles internes et par ses moyens ordinaires. Sans la prise, au niveau gouvernemental, des décisions réglementaires nécessaires par décrets d'application à effets matériels et des statuts particuliers des ressources financières et humaines de l'enseignement traditionnel,

ý                La non prise en considération auparavant, des fondements essentiels de l'enseignement traditionnel dans ses caractéristiques sociologiques et culturelles, et le commencement par l'assignation des obligations en brandissant les sanctions, avec la négligence des droits et des acquis des habitants et associés,

ý                L'état de tension et de crainte régnant chez la majorité des concernés quant à la prédominance de l'aspect impératif et limitatif dans l'application de la loi, par défaut de préparation et concertation des ayants droits et des catégories concernées.

Par ailleurs, l'intervention n'a pas été fondée sur des règles tenaces de gestion. Obligé de contracter des cadres éducatifs bénévoles et octroyer des allocations qui sont en dessous du salaire minimum, le ministère essaye de classifier les écoles suivant des critères aberrants, et décide de l'avenir des écoles par le biais des restrictions draconiennes.

ý    L'état des écoles déjà englobées dans le cadre de la réforme s'avère en dessous des attentes malgré les efforts du ministère, faisant que les résultats ainsi que le bilan affiché ne favorisent pas du tout une adhésion totale et spontanée;

·        Et pour que les écoles traditionnelles ne soient pas transformées :

§        De lieux spirituels spacieux de culte et de piété marqués à la fois par l'abstinence et la générosité, à des enceintes de dispense et de formation moralement et matériellement tendues,

§        D'espaces d'enseignement populaire ouverts sur l'environnement extérieur et qui s'adaptent facilement à toutes les conjonctures économiques et sociales, à des domaines clos régis par des ordonnances sévères semant la discorde et l'isolement,

§        De sources d'éducation substantielle sur les valeurs typiques du soufisme marocain, à des champs propices pour les idées formelles et les comportements contractés.

          De tout ce qui précède, les participants à cette journée d'étude ont l'honneur d'inviter tous les acteurs sociaux au niveau national, autorités publiques, corps élus et société civile à relancer le chantier de l'application de la loi pour la réforme de l'enseignement traditionnel sur la base du dialogue et du partenariat et de façon à préserver les droits et les obligations de toutes les parties. Et de soumettre leur appel, aux responsables au gouvernement et au parlement, de soutenir les efforts déployés par la société civile marocaine notamment dans les compagnes, par tous les moyens juridiques, réglementaires et institutionnels et par toute potentialité d'ordre matériel ou moral, pour le développement de l'enseignement traditionnel suivant la politique éclairée d'Amir Almouminine Sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu le glorifie.

 

Source : Association DARENGH



12/09/2008
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